segunda-feira, 20 de maio de 2013

Cinema - Cinéma

Dans mon cinéma, bien sûr, je ne fais aucun mouvement. Dans mes livres non plus, il y a de moins en moins de mouvemnts de style, je reste au meme endroit. J’écris et je filme au même endroit. Quand je change d’endroit, c’est la même chose. Je peux m’expliquer pour le cinéma; il y a beaucoup de choses que je peux expliquer pour le cinéma, pas du tout pour l’écrit, voyez? Et… où ça reste très obscur pour moi, l’écrit. Dans le cinéma, comme j’ai une sorte de dégoût du cinéma qui a été fait, je voudrais reprende le cinéma à zéro, dans une grammaire très primitive… très simple, très primaire presque: ne pas bouger, tout recommencer.

En tout cas, le cinéma que je fais, je le fais au même endroit que mes livres. C’est ce que j’appelle l’endroit de la passion. Là où on est sourd et aveugle. Enfin, j’essaie d’être là le plus qu’il est possible. Tandis que le cinéma qui est fait pour plaire, pour divertir, le cinéma… comment l’appeller, je l’appelle le cinéma du samedi, ou bien le cinéma de la société de consommation, il est fait à l’endroit du spectateur et suivant des recettes très précises, pour plaire, pour retenir le spectateur le temps du spectacle. Une fois le spectacle terminé, ce cinéma ne laisse rien, rien. C’est un cinéma qui s’efface aussitôt qu’il est terminé. Et j’ai l’impression que le mien commence le lendemais, comme une lecture.

DURAS, Marguerite, Porte, Michelle, Les lieux de Marguerite Duras, Paris, Ed. Minuit, 1977, p. 94.


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